Il y a tout juste un an, Gwendal Giguelay nous a régalés avec sa performance : "Chopin: 24 Études". J'ai le privilège de vous dévoiler les secrets de son enregistrement, du mixage au mastering, dans les coulisses du studio de Meudon.
La Quête du Son Parfait
Avant même d'appuyer sur le bouton "Enregistrer", je me suis plongé dans une playlist Spotify de 72 interprétations de la première étude de Chopin. Cette quête m'a permis de dessiner la carte sonore parfaite, distillant ce qui me plaisait et écartant ce que je voulais éviter.
La stéréo :
Ils sont souvent très mono, voire “décalé” avec, par exemple une majeure partie du signal qui se trouve entre le centre et le côté droit.
On entend peu les mouvements horizontaux des notes dans la stéréo. Les notes aiguës sont très statiques à un endroit précis de la stéréo.
Je vais viser une belle largeur du piano où on entend bien les mouvements dans le clavier.
La profondeur et la reverb :
Le piano semble parfois très lointain, noyé dans la reverb trop longue et trop artificielle.
J’aime quand il y a une reverb assez naturelle, que l’on n’entend pas à proprement parler ou que l’on entend un espace cohérent.
Sur certaines prises de son, on a l’impression que les notes graves et aiguës sont sur deux plans de profondeur différents.
Je vais m'efforcer d’avoir une belle perception du piano : une image naturelle dans un espace naturel.
L’équilibre spectral :
Il est souvent inégal et déséquilibré avec des aigus très agressifs ou métalliques, très peu d’air et des graves inexistants.
Les enregistrements qui sonnent le mieux ont de jolis timbres dans les notes aiguës et une belle transparence des notes.
Je vais viser un équilibre spectral qui met en valeur tout le spectre et veiller à respecter les timbres du piano.
Enregistrement magique & micros mythiques
Pour un enregistrement parfait, on prend en compte trois éléments fondamentaux : le musicien, son instrument et l’environnement. Ces paramètres interagissent entre eux, et il faut s'adapter pour capturer la performance de la meilleure manière possible.
Je connais très bien le Steinway (un instrument incroyable) ainsi que l'espace du studio de Meudon, et je sais comment exploiter au mieux leurs qualités : La salle présente une acoustique légèrement présente sans être excessivement réverbérante.
Il faut donc que mon couple principal de micros soit positionné de manière à maximiser la capture du son direct tout en maintenant le contrôle sur la réverbération. Dernier élément, Gwendal a un toucher précis et délicat, ce qui diminue le besoin de compensation technique de ma part.
Couple principale : deux DPA 4042 en couple AB (qui tend vers l’ORTF) pour une belle image, précise et naturelle. Parfait pour la musique classique.
Couple d’ambiance : Deux Ehrlund EHR-M en ORTF, ces micros sont incroyables, rien à redire. On a l’impression d’être dans la pièce, face au piano.
Couple de proximité : Pour ramener “du bois” je place sous le piano deux Royer R121. Un son très particulier, à utiliser avec parcimonie pour épaissir le son sans déformer l’image stéréo.
Preamp : les HV3D millennia, très utilisés en classique, sont très transparents, mais je les trouve parfois un peu métalliques. Pour apporter une légère coloration et une légère rondeur, j’ai utilisé des Neve 33115. C’est un son que l’on aime et reconnait.
Le format : Haute définition : 88Khz, 24bits sur Pro Tools à travers une Antelope Orion 32HD.
Le Mixage : Art et Science
Nettoyer les pistes
Petit passage par Izotope RX pour retirer le souffle et les petits bruits parasites.
Aligner les micros en phase
Étape In-Dis-Pen-Sable ! Pour palier les différences de distance entre les micros. L'image gagne en précision, on retrouve les graves et les aigus ainsi que la transparence !
L'équilibre entre les micros
Trouver le juste équilibre où les micros se complètent, où la musique prend vie.
La réverbération
Quatre reverbs qui se complète et se complimentent pour construite une image globale profonde et naturelle.
Égalisation et compression
Au moment du mixage, j'ai entamé le processus, mais il était clair que Gwendal visait la pureté sonore sans altération. En effet, la plupart des plugins introduisent une certaine coloration, subtile ou prononcée, dans le son. La moindre compression affectée les nuances de son jeu. Gwendal, doté d'une oreille extrêmement fine, capable de détecter les moindres nuances, ne laisse rien passer. Par conséquent, la transparence et la légèreté sont devenues les maîtres mots de notre travail de mixage.
Après avoir exploré diverses approches, j'ai finalement opté pour un retour aux bases. J'ai choisi l'égaliseur FabFilter Pro Q3, en y apportant quelques ajustements dynamiques pour garantir la transparence maximale.
Le Chef-d'œuvre Final
Le mastering a été exécuté avec simplicité, un limiteur FabFilter L-2 (qui ne coupe que de rare transcient) apporte la touche finale. Le résultat est impeccable et prêt à être partagée sur Spotify et les autres plateformes.
Émotion, Précision et Passion
Le parcours, de l'enregistrement au mastering, est un périple complexe où chaque décision est un pas de plus vers un idéal sonore.
L'émotion, la précision et la passion se mêlent pour capturer la musique, et désormais, vous pouvez l'apprécier sur Spotify :
Et pour finir : Un mot de l'artiste !
"J’ai énormément apprécié notre travail sur l’enregistrement des Études de Chopin avec Léo. Il a modelé un environnement sonore extrêmement confortable, et a su accompagner tous mes désirs musicaux. Notre échange autour du montage et du mixage a été particulièrement fructueux, et Léo a su être très pédagogue dans l’approche des outils utilisés. Je suis fier et heureux du résultat qui correspond à tous points de vue à ce que j’avais projeté. " Gwendal Giguelay
Retrouver Gwendal sur Instagram : https://www.instagram.com/gwendalgiguelay/
Sortie chez le label "By Classique" L'album est disponible en haute définition sur des plateformes comme Qobuzz.
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